

Adelaïde d'Orléans (1777-1842) : portrait croisé
Lorsque Rémusat trace le portrait d’une personnalité qu’il a fréquentée, voire qu’il a simplement croisée, il est minutieux à l’extrême et s’efforce de n’omettre aucun trait susceptible d’évoquer la silhouette qu’il a en tête. En cas de doute, il faut que le récit des faits donne au personnage incomplètement portraituré l’occasion de ré-apparaître. Il prendra alors à nouveau la pose devant Rémusat qui ajoutera une petite touche au portrait précédent, au risque parfois d’en br


"Les désastres s'accumulent" (L.P. Fargue)
Le boulevard Malesherbes (Marville, 1877) Et Haussmann est venu. La cité millénaire a tremblé sur ses bases : de l'Etoile au Trône, et du Nord au Sud par le percement des boulevards de Strasbourg, de Sébastopol et Saint-Michel, par l’éventrement du quartier des Halles et de l'Opéra, par les “embellissements” du Louvre, par la trouée du boulevard Malesherbes, les désastres s'accumulent. Paris, autrefois si riche de ligne et opulent en détail, divers en ses aspects, juste dans


L'Aigle à deux têtes (J. Cocteau, 1947)
L'Aigle à deux têtes (1947) Mise en scène et scénario : Jean Cocteau Images : Christian Matras Décors : Georges Wakhewitch Direction artistique : Christian Bérard Musique : Georges Auric Interprétation : Edwige Feuillère (la Reine), Jean Marais (Stanislas), Jean Debucourt (Willenstein), Silvia Montfort (Edith de Berg), Jacques Varennes (le Ministre). Encore regardable, L’Aigle à deux têtes ? Cela peut se discuter. Ceux à qui l’univers de Cocteau est familier peuvent s’y plair


"J'admire les hommes violents..." (A. France)
Il y a des hommes qui firent sans doute beaucoup de mal, car on ne peut vivre sans nuire, mais qui firent plus de bien encore, puisqu'il préparèrent le monde meilleur dont nous jouissons aujourd'hui. Ils ont beaucoup souffert, ils ont beaucoup aimé. Ils ont procédé, dans des conditions que les invasions et le mélange des races rendait très difficile, à une organisation nouvelle de la société humaine, qui représente une somme de travail et d'efforts dont on reste étonné. Ils p


"Cette insatiable avidité de savoir l'Histoire" (J.B. Bossuet)
"Le désir d'expérimenter et de connaître s'appelle la concupiscence des yeux ; Parce que, de tous les organes des sens les yeux sont ceux qui étendent le plus nos connaissances (...). C'est donc pour cela, dit saint Augustin, que toute curiosité se rapporte à la concupiscence des yeux. Cette curiosité s'étend aux siècles passés les plus éloignés : et c'est de là que nous vient cette insatiable avidité de savoir l'histoire. On se transporte en esprit dans les cours des anciens


Douce (Claude Autant-Lara, 1943)
Douce (1943) Mise en scène : Claude Autant-Lara Scénario : Jean Aurenche et Pierre Bost Images : Philippe Agostini Musique : René Cloërec Interprétation : Odette Joyeux (Douce), Madeleine Robinson (Irène, l'institutrice), Roger Pigaut (Fabien, le régisseur), Marguerite Moréno (la Comtesse), Jean Debucourt (le Comte). Film plein d’intérêt mais qui ne correspond pas à ce que l’on en attend au vu de son titre et de son année de réalisation. Car les deux sont trompeurs. Il n’a pa


"Un des éléments constituants de la beauté..." (J. Green)
"7 octobre 1932. - À Versailles. Il y avait de la brume dans la lumière et le ciel bleu pâle, au-dessus de nos têtes, tournait au gris vers l'horizon, un beau gris violacé comme on en voit aux plumes des pigeons. Les bois encore verts paraissaient noirs et le château tout jaune. Nous sommes allés nous asseoir dans le bosquet d'Apollon qui est, sur cette terre, un des endroits où l'on est le mieux pour rêver. Son silence, son mystère, ce quelque chose de secret qui s'y cache,


Le 18 de la rue de l'Assomption (75016)
Cet immeuble d’habitation, réalisé en 1925 par Charles Lemaresquier, fut aussi celui où habita le metteur en scène Christian-Jaque (V. Perez, P. Durant : Le Paris du cinéma ; Favre, 2011, p. 266). Riche en ornements (pilastres, consoles, balcons de pierre) et sans audaces particulières, est coiffé d’une étonnante sculpture centrale, figurant une tête d’homme chevelu et barbu, couronnée de pampres et dotée d'un gros nez et de yeux globuleux. On pense à Bacchus, mais pourquoi l


Le jardin du Luxembourg au temps des vélocipèdes
Voici trois évocations calmes, crépusculaires, contemplatives du jardin du Luxembourg, presque contemporaines et s'harmonisant étrangement … Le texte de Gide se rapporte à ses années d’enfance, soit vers 1875-1880, ceux de Léautaud et de Bourget datent des toutes premières années du XXe siècle. Le jardin était à ces époques aussi fréquenté qu’aujourd’hui. Mais Léautaud et Gide s’y attardent à l’heure de la fermeture, qu’annonçait alors un tambour, tandis que Bourget se plaît


Le 10 de la rue Chabanais (75002)
Dernier domicile de Chamfort. Il y meurt le 13 avril 1794. Tout conspire pour que l’on ne sache rien de Chamfort, et notamment des lieux où il a vécu : le double tourment de sa naissance bâtarde et de sa rapide déchéance physique, la facilité qu’il a eue à adopter les défauts de la littérature de son temps - abstraction et sécheresse moqueuse, auxquelles seul Rousseau échappe -, sa mort survenue à 44 ans, avant l’âge où l’on commence à dresser des bilans et à égrener des souv