

"L'art représente la plus grande défaite des hommes" 3
"Le petit sillon que la vue d'une aubépine ou d'une église a creusé en nous, nous trouvons trop difficile de tâcher de l'apercevoir. Mais nous rejouons la symphonie, nous retournons voir l'église jusqu'à ce que - dans cette fuite loin de notre propre vie que nous n'avons pas le courage de regarder, et qui s'appelle l'érudition - nous les connaissions aussi bien, de la même manière, que le plus savant amateur de musique ou d'archéologie. Aussi combien s’en tiennent là qui n’ex


"L'art représente la plus grande défaite des hommes" (F. Mauriac) 1
“L'art représente la plus grande défaite des hommes ; ou si l'on veut, il n'est qu'une victoire apparente, une fausse victoire. Cet effort des plus grands pour détacher le beau de ce qui est poussière et retournera en poussière, pour le mettre à part, pour le fixer et lui conférer le nom d'éternité finit toujours par être vaincu. Durant les époque paisibles nous cédons à cette illusion que le génie humain dérobe quelques visages et quelques reflets à l'écoulement de tout. Et


La bibliothèque de Maurice Nadeau est en vente
Le grand critique et historien de la littérature Maurice Nadeau est mort en 2013, à l’âge respectable de 102 ans. Sa bibliothèque et sa correspondance sont actuellement mises en vente. Curieusement, la librairie qui s’en charge n’est pas celle qui porte son nom (“Editions Maurice Nadeau”), 3 rue Malebranche, dans le 5e arrondissement, non loin de l’immeuble où habitait Nadeau, au n° 8 de la même rue, mais la librairie Faustroll, 22 rue du Delta, dans le 9e arrondissement (mét


"Nous ferions, quant à nous, bon marché des cathédrales" (F. Mauriac)
“Peut-être scandaliserons-nous à la fois les dévots et les incrédules en avouant que l'attitude d'un homme qui défend le christianisme sans y croire nous est inintelligible (...). Nous ferions, quant à nous, bon marché des cathédrales, de la liturgie, du chant grégorien, si tout cela ne servait qu’à glorifier un simple morceau de pain azyme. Les vertus, la délicatesse des consciences chrétiennes, les miracles de l'amour mystique, la sainteté en un mot serait sans prestige à n


"MM. les architectes" (R. Rolland)
“5 septembre 1939. - Visite de Le Corbusier (...). Pour lui il ne paraît pas beaucoup s'en faire (...). Il avoue qu'il a grand-peine à se représenter l'état de guerre où nous vivons, depuis quelques jours (...). Il est surtout occupé, - comme toujours - de ses plans et de ses théories esthétiques. Il n'est pas loin d'espérer que des destructions de la crise actuelle, sortiront de plus vastes possibilités pour l'art (pour son art) de se réaliser. À la bonne heure ! Les braves


Mme André Maurois 4
Simone de Caillavet n’a joué dans l’oeuvre de Marcel Proust qu’un rôle de figurante. Elle n’y apparaît que quelques instants, dans les pages finales du Temps retrouvé. Mais c’est là un moment si particulier et si capital de l’oeuvre qu’il faut un peu minutieusement en conter l’avant, l’après, les effets, les entours. La dernière partie de cet ultime volume de la Recherche du Temps perdu, est occupée par le récit de la “matinée” Guermantes. Le narrateur, au sortir de plusieurs


Un grand oral de Sciences-Po en 1953
En 1953, le futur critique littéraire Mathieu Galey, âgé de 19 ans, se présente à l’examen d’entrée de Sciences-po. Le jour du grand oral, il assiste, avant son tour aux prestations des autres impétrants. Il ne tarde alors pas à s’apercevoir que sous le nom de culture générale, on entend en réalité la seule culture littéraire. Cette constatation lui donne une certaine assurance au moment d’affronter le jury. Il est effectivement reçu mais pas aussi aisément qu’il le croyait.


"L'être le plus immonde..." 1
En prenant connaissance de la correspondance de Proust, il arrive souvent que notre intérêt, ou une admiration qu’à l’annonce de son nom le lecteur est tout disposé à lui témoigner, vienne à ployer sous le poids des compliments, des flatteries, des tendresses et des hypocrisies. “Proust, dont une des expressions récurrente est “brûlez cette lettre”, écrit essentiellement des lettres privées utilitaires, à l'occasion des circonstances prosaïques ou mondaines, lettres souvent f


Raoul Frary, morceaux choisis
C’est à propos des articles publiés, dans la Stryge, sur 1902 et la réforme de l’enseignement du latin, que j’ai fait la connaissance de Raoul Frary. Cette réforme avait été réclamée par un ouvrage polémique signé de lui quelques années auparavant. “La Question du latin” avait fait quelque bruit dans le Landerneau des milieux cultivés. Rémy de Gourmont, Ferdinand Brunetière l’ont contesté, chacun à leur manière. Mais il est question de bien d’autres choses dans ce livre, où


Madame André Maurois, 3
Simone de Caillavet mérite peut-être, maintenant, qu’on lui concède un petit entracte ; elle y apparaîtra sous un jour moins détestable que dans les épisodes qui précèdent et dans ceux qui suivront. Son auguste généalogie littéraire fait déjà d’elle, comme on l’a indiqué, la petite-fille d’une protectrice des lettres et d’une muse académicienne, Léontine Arman de Caillavet, et la fille, sinon de Gilberte Swann, du moins de la jolie dame qui en fut le modèle, Jeanne Pouquet. F