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Propos de comptoir 1


La Stryge : Sur cette tour de Notre-Dame où M. Viollet-le-Duc a décidé de m’immobiliser, Il manque vraiment un café, un lieu où l’on puisse s’asseoir et discuter. J’ai donc décidé d’en ouvrir un et trois clients se sont aussitôt installés. Deux Parisiens et un Normand. Ils se sont mis à bavarder de tout et de rien et notamment de “la situation”. Ils n’ont vraiment rien d’autre à faire mais passons ! J’ai eu l’idée d’enregistrer leurs propos, ce matin du dimanche 6 janvier 2019, afin de vérifier si, au fil des jours, cet événement dont ils parlent tant viendra contredire ou bien conforter leurs inquiétudes et leurs espoirs, leurs prédictions et leurs incertitudes.


***


- Evandre : Les révolutions de 1789, 1830, 1848, la Commune de 1871 ont vu surgir des leaders charismatiques. Après plus de deux mois de Gilets jaunes, toujours rien du tout ... Ceci renforce, à mon avis, l'hypothèse d'un mouvement qui fera finalement pschitt ...

Du coup, par curiosité, je suis allé voir sur Wikipedia et ai trouvé de bons articles sur les Trois glorieuses (surtout celui-ci, très complet !), 1848 et la Commune (les commentaires d'écrivains hostiles aux Communards : on pourrait les appliquer mot à mot à certains de nos Gilets jaunes !

Les estimations sont de 1000 morts en 1830, 350 morts en 1848 et 7000 à 8000 morts peut-être en 1871 ! Cela relativise bien décembre 2018, quand même et heureusement …

"La Manche libre” , l’hebdomadaire de ma campagne , dont je suis avec le plus grand plaisir les nombreuses pages de faits-divers (où l’alcool tient toujours un rôle important …) a publié , dans son édition du 5 janvier, un article que je trouve savoureux sur l’occupation d’un rond-point à Caen et le rôle d’un certain liquide ambré .

Les faits sont les suivants : un Gilet jaune de 38 ans a manifesté , les derniers WE de novembre, au rond point d’Ifs sans incident . Le 1er décembre, le rond point d’ Ifs est vide. Il se rend alors à celui de Mondeville avec un ami … et prend une bouteille de whisky. Puis ils se replient sur le rond point de Cagny vers 14 heures. Mais l’atmosphère des premières manifestations, où gendarmes et Gilets jaunes discutaient, évolue. Notre Gilet jaune reste sur la route pour barrer le passage aux voitures. Un adjudant-chef lui dit de reculer : il est en danger , il y a eu des accidents mortels dans ces circonstances. Voyant qu’il ne s’en va pas, le gendarme le repousse, le poussant au niveau du torse. Mais il reçoit un coup de poing au visage. Deux autres gendarmes arrivent alors en renfort et saisissent le Gilet jaune. Les 80 à 100 Gilets jaunes présents deviennent immédiatement hostiles … Prudents, les gendarmes reculent. La tête du prévenu heurte et fend la lèvre d’un gendarme. Affolé , avec ses 2,26 g ( !) d’alcool par litre de sang, le Gilet jaune court se cacher derrière un buisson de 50 cm de haut : avec son gilet jaune, il est vite repéré et interpellé. A l’audience du tribunal correctionnel de Caen, l’homme présente ses excuses et des attestations de respect de ses collègues et supérieurs. “ L’alcool ne rend pas intelligent “, indique -t-il . Sans être interdit de manifestation, ce Gilet jaune écope de trois mois de prison avec sursis.

C'est typique du mouvement: c'est d'abord bon enfant puis un peu moins puis plus du tout, car, le nombre et probablement l'alcoolisation donnant du courage, les Gilets jaunes sont tout prêts à se faire les braves gendarmes du coin ...


- Nicias : Un ami m'a raconté qu'un de ses voisins, qui habite dans un village champenois et éprouvait quelque sympathie pour les Gilets jaunes, avait entrepris de rejoindre un rond-point occupé. Il en est vite revenu en voyant la faune qui constituait le "mouvement" où l'alcool - ce n'était pas du Champagne - constituait effectivement le principal moyen de se réchauffer.




Le rôle du rond-point à la fois comme point de contrôle de la circulation, donc d'arrêt, et comme giratoire, ramenant le mouvement à l'éternel retour du même, est un objet hautement symbolique. Cela me fait penser à une histoire de Devos d'un crémier qui faisait son beurre en tournant sur un rond-point. A l'époque il y en avait moins.







Un article pas mal de Ran Halévi souligne à la fois l'absence de perspectives d'un "rassemblement" dans lequel les réseaux sociaux jouent un rôle majeur, et l'aspect durable de l'instabilité politique qu'il représente de ce fait. Rassemblement spontané sur la base non d'un projet, mais de frustrations communes, le mouvement n'est prêt ni de s'essouffler, ni de déboucher sur quoi que ce soit si ce n'est la violence et des passions mauvaises. Et c'est bien là le problème.


- Admète : Je suis bien d'accord avec Evandre sur l'effet de l'alcool sur les troubles sociaux ou politiques et également sur nos glorieuses révolutions. C'est un aspect sur lequel les historiens sont des plus discrets car il ne faut pas blasphémer les épopées nationales ni non plus d'ailleurs chercher à les imiter. Je ne connais que deux historiens, à part Taine, à avoir signalé le fait : Stéphane Rials dans son Histoire de la Commune et Frédéric Bluche dans sa biographie de Danton. Aussi ont-ils été tous deux ostracisés par la bien-pensance universitaire régnante. Il faut bien pourtant reconnaître que la plupart des révoltes populaires sont le fait d'ivrognes.

Tout cela évidemment ne nous concerne en rien : La Stryge n’est pas une marrante, elle ne nous sert que de la limonade.


Sur l’absence de leaders charismatiques parmi les Gilets jaunes, je ne suis pas d’accord avec les conséquences qu’en tire Evandre. Bien-sûr qu’il n’y en a pas ! Mais c’est parce qu’ils n’en veulent pas. Ils ont tout intérêt à rester imprévisibles et insaisissables, comme ils l’ont été jusqu’à présent. Et ils sont à un tel point habités de pulsions égalitaires que dès qu’un porte-parole moins idiot ou plus disert que les autres apparaît sur un plateau télé, il est immédiatement récusé et dézingué par ses pairs.

Mais tel a toujours été le cas dans les révoltes populaires. Dans toutes celles que cite Evandre , aucun leader n’a jamais émergé de la foule de manière durable. Qui fut le leader charismatique qui aurait surgi des barricades en 1830, 1848, 1871 ? Des hommes politiques disposés à profiter de l’événement pour essayer de conquérir un pouvoir qui auparavant leur échappait, ça, on en trouve toujours, des Mirabeau, des Ledru-Rollin, des Delescluze, comme aujourd’hui des Mélanchon ou des Dupont-Aignan… Mais ils n’ont pas émergé de la foule, ils faisaient déjà partie du personnel politique.

Sur ces sujets, c’est Gustave Le Bon qu’il faut lire plutôt que Max Weber. Or Le Bon n’évoque, comme figures d’autorité en de tels moments, que les “meneurs de foule”. Et voici ce qu’il en dit : “Si l’énergie de pareils meneurs est puissante, elle est momentanée et ne survit guère à l’instant qui l’a fait naître”. Effectivement, c’est le Tarzan des barrages routiers que tout le monde a bien oublié maintenant, c’est Eric Drouet que l’on oubliera tout aussi vite, même Cohn-Bendit qui a disparu des radars pendant longtemps après 68… Ce sont des braillards choisis pour l’occasion et rejetés tout aussi sec. En 1789, aucun leader non plus n’a émergé du 14 juillet ni du 6 octobre. Il a fallu attendre 4 ans pour que Robespierre parvienne à sortir du lot. Et il n’a été qu’un leader parlementaire, non un meneur de foule, il n’était pas très charismatique et il ne s’est maintenu moins d’un an. Donc l‘absence de chef, elle est tout-à-fait normale.

Et la preuve irréfutable que, Evandre, tu te trompes sur ce point, c’est que la journaliste “meanstream” et macronienne de Paris-Match, Virginie Leguay, a dit ce soir sur LCI, exactement la même chose que toi (et les mêmes choses aussi sur le “mouvement “ que j’ai critiquées dans mon dernier post).

Enfin, je ne crois toujours pas que le “mouvement” va faire pschitt parce que l’Elysée ne le souhaite pas. Témoins les voeux insultants de Macron, les propos incendiaires de Griveaux… La stratégie recherchée est celle de la confrontation violente dans l’espoir, comme en juin 1968, de voir se rassembler autour de soi une autre foule, celle des bourgeois apeurés. C’est la thèse exprimée par Laurence Saillet ce soir, toujours sur LCI, et je la trouve convaincante.


- Evandre : cher Admète , nous ne sommes clairement pas du tout d'accord sur la pérennité du mouvement et son caractère positif pour le pays, même si j’étais plutôt bienveillant à l’égard des Gilets jaunes au tout départ et sur l’affaire des hausses de taxes carburant excessives, de la limitation à 80 km/h stupidement imposée …

Mais mon tempérament naturel, en "bourgeois apeuré", comme tu dis si bien - mais ça ne me vexe nullement ! - me pousse vers la Loi et l'Ordre, en tant que vieil admirateur des deux grands John : Ford et Wayne ...

J'assume totalement : les désordres m'insupportent et m'angoissent : ils ne m'enthousiasment jamais .

Je n'ai toujours pas digéré ces vidéos de notre si belle Capitale, de l'Arc de triomphe devenu champ de bataille, de ce jeune CRS isolé, échappant de peu au lynchage par un groupe de Gilets jaunes, du VIIIème arrondissement en proie aux incendies, aux barricades et au chaos .

Et j'ajoute que je participerai très volontiers, moi aussi, à une contre-manifestation, si elle s'organisait, ce que j'appelle de mes voeux !

Juin 68 : un million de gaullistes dans la rue puis des élections triomphales pour le parti de l'Ordre et la fin de la chienlit .

L'avenir tranchera sur le devenir de ce mouvement des Gilets jaunes, incontestablement original : stérilité ou accouchement de règles démocratique nouvelles ?

Il est vrai, et là je te rejoins, Admète, sur le fait que notre démocratie parlementaire, faussement représentative car basée sur un scrutin caricaturalement hyper-majoritaire, est épuisée .

L'abstention a atteint des sommets et le siège de député d'Evry a été récemment attribué avec plus de 80 % d'abstentions !

Et il me semble scandaleux que Marine Le Pen et Mélenchon aient aussi peu de députés alors qu'ils représentent de forts courants d'opinion .

Mais je ne vois, pour l'instant, aucune voie constitutionnelle de sortie : qui votera un passage à une VIème République rénovée ?

Au début, j'avais pensé, à propos des Gilets jaunes, au mouvement de Poujade, tout aussi médiocre et désorganisé. Il n’est qu’à voir ce que Jean-Marie Le Pen dit de Poujade qu'il a bien connu, dans ses récents Mémoires, très intéressants, d'ailleurs. Le parti de Poujade a duré quand même à peu près cinq ans et s'est finalement dissous dans la nouvelle V° République .

Mais les ressemblances me semblent, à présent, superficielles.


- Nicias : Admète, tu a sans doute raison sur l'absence de leader, probablement consubstantielle à ce type de "mouvement-rassemblement", faute de meilleur mot pour le qualifier. D'autant que le côté "démocratie" numérique, inconnue de Le Bon, qui joue un rôle de catalyseur important, est plutôt de nature à la renforcer. Mais je préfère les précédents d'ordre historiques que tu avances au paralogisme final consistant à tenir pour preuve suprême le fait que la thèse contraire serait fausse du seul fait qu'elle est soutenue par quelqu'un qui ... soutient la thèse contraire (argument d'autorité inversé en quelque sorte).

Je suis peu convaincu en revanche par la thèse de la politique du pire. Le mouvement peut certes durer autant que la frustration qu'il exprime. De là à considérer que Macron en est "l'allié objectif", cela me semble surtout relever, au delà du surmoi marxiste, de la vanité journalistique toujours prompte à déceler des habiletés tactiques et des motivations cachées (cela fait plus intelligent et c'est plus captivant pour le public). D'ailleurs j'ai beau chercher l'insulte dans les voeux de Macron je ne la trouve pas. A moins de considérer qu'évoquer les comportements caractéristiques de ce "mouvement" et décrits par ailleurs - l'ivrognerie étant l'un des plus véniels - soit une insulte ? Je l'ai trouvé au contraire pour ma part plutôt modéré sur le sujet. Il est vrai que ceux qui ne respectent pas grand-chose sont en général les premiers à revendiquer le respect pour eux-même et à se considérer insultés pour un oui ou pour un non. La "colère" est devenue un mantra qui justifie tout dans une culture de l'irresponsabilité, car il s'agit de victimes ne l'oublions pas. C'est d'ailleurs la même logique à l'oeuvre dans nos "quartiers". Pour ne pas risquer l'amalgame, les Gilets jaunes de bonne foi feraient mieux de se sentir déconsidérés et insultés par ceux d'entre eux qui utilisent une violence décomplexée.


- Admète : Petite précision liminaire : L'argument tiré de ce qu’Evandre est dans l’erreur du seul fait qu’il dit la même chose que Virginie Leguay n’est qu’une plaisanterie. Cela dit, je ne comprends pas très bien ton argumentation de "la thèse contraire". Ce que je voulais dire simplement, c'est que Virginie Leguay est une idiote et que tous les propos qu'elle tient sont présumés être des sottises.


- Nicias : Ce que je voulais exprimer, c'est que dire que A a tort parce qu'il reprend les mêmes arguments que B qui a tort, cela ne démontre rien. Et dire que B a tort puisqu'il n'est pas d'accord avec moi, c'est dire que B a tort parce qu'il a tort. Une belle tautologie en somme tant que je n'ai pas démontré que j'avais raison. C'est donc plutôt paradoxal (et peu convaincant) de le présenter comme l'argument décisif.

Et si c'est un argument ad hominem (ou ad mulierem) ce n'est pas mieux. C'est un argument d'autorité (même si il est inversé) qui se mord tout autant la queue. Il ne porte que dans la mesure où ton interlocuteur pense comme toi que Leguay est une idiote. Les arguments doivent être discutés en eux-mêmes et non soumis comme en 68 à la question : "D'où parles-tu, camarade ?"


- Admète : Je comprend mieux. Mais je trouve qu'il y avait de l'honnêteté à répondre à la question : "D'où parles-tu, camarade ?" et que cete question avait du sens.

Venons-en plutôt à la thèse de la politique du pire. C’est tout de même bien la seule qui s’offre à Emmanuel Macron. Tous les commentateurs ont bien interprété ses voeux comme la marque d’un raidissement. D'ailleurs que peut-il faire d’autre ? Il dispose d’un socle apparemment incompressible des 25 % d’électeurs qui ont voté pour lui au 1er tour. L’enjeu pour lui c’est d’élargir ce socle comme il l’a fait au second tour. Il avait alors usé de l’argument de la peur qui, jusqu’à présent, a permis à n’importe qui de gagner à tous les coups de gagner contre le FN. Macron ne prévoyait d’ailleurs pas qu’il serait aussi bien aidé par Marine Le Pen elle-même, du fait de la démonstration de son incompétence que celle-ci a faite lors du débat. La seule manière pour le Président de poursuivre sur cette voie, de récupérer et de conserver l’intégralité du vote bourgeois et modéré, c’est à dire les électeurs de Fillon, c’est d’user encore de ce même argument de la peur, de parier sur la lassitude, l’exaspération. Il incarnera l’ordre face au désordre. Mais pour qu’Evandre le suive, pour qu'il se mobilise en faveur du gouvernement, comme il a dit qu’il le ferait en cas de coup dur, pour qu’il se décide à revêtir son uniforme de garde national, il faudra une vraie violence, des menaces d'insurrection, pas seulement des pique-niques sur les ronds-points et des sorties en ville le samedi. Les responsables de LR ont bien perçus le sens de cette politique ; je ne fais que développer leur argumentation. Les députés LREM qui se sont exprimés jusqu’à présent s'efforcent au contraire de grossir les incidents insignifiants de la journée et ils agitent les grands mots autant qu'ils le peuvent.

Ce qui est embêtant pour le Gouvernement et la majorité, ce ne sont pas les violences parisiennes qui peuvent toujours survenir du fait d’un barrage mal placé ou mal défendu, c’est plutôt la mobilisation provinciale qui ne faiblit pas, même encore aujourd’hui, et qui est beaucoup moins spectaculaire (pas d’Arc de Triomphe à taguer). Autrement dit, il faudra pour Macron être aidé par les Gilets jaunes. Si ces derniers ne veulent pas être les victimes d’un nouveau juin 1968, ou pire d’un nouveau juin 1848, ils doivent, dans leur intérêt, maintenir une cuisson à petits feux. Autrement dit, si leur marmite continue à chuchoter, à faire de petits pchhh...pchhh… pchhh… pendant des semaines, eux-mêmes ne feront pas pschitt !


Mais tout cela, c’est affaire d’habileté de la part des uns et des autres… Pour moi le problème est avant tout institutionnel. Hommes politiques et médias ont perdu le sens des limites morales et idéologiques de leur pouvoir : ils croient incarner “la Démocratie” à eux tous seuls, alors qu’ils ne sont que les instances dirigeantes d’une aristocratie fonctionnant sur le mode représentatif, avec tous les effets de confiscation de pouvoir que comporte un tel régime. Il faut lire là dessus l’excellent livre de Bernard Manin : “Principes du gouvernement représentatif”. Or cette dérive ne se serait pas produite si nous avions eu la sagesse de maintenir le septennat. La combinaison du quinquennat, du scrutin majoritaire à deux tours, de la constitution d’un parti présidentiel dépourvu de tout poids politique propre, d’un bloc de constitutionnalité s’appesantissant d’années en années et sur lequel veillent un corps de juges interchangeables et internationalisé, décidés à l’étendre toujours davantage, tout cela coiffé par l’Union européenne, nous fait aboutir, sans que personne l’ait consciemment cherché, à un régime qui n’est même plus aristocratique (car les aristocrates au moins étaient libres) mais despotique. Ou plutôt non, car nous avons un despote qui s’interdit lui-même d’être libre car il est soumis à un corps de grands-prêtres ou de gardiens du temple de la “Démocratie”. Ce serait plutôt un régime sacerdotal ou théocratique, avec des rois David ou Salomon élus tous les 5 ans.


- Nicias : Nous sommes bien d'accord que Macron souffre d'un déficit de légitimité du fait des conditions de son élection. Il reste qu'il a été élu. D'accord également sur la crise de représentativité pour toutes les raisons que tu énonces, Admète. De là à parler de despotisme, et quoique l'hyperbole soit une figure de rhétorique en ce moment très pratiquée, je crois qu'il faut tout de même savoir raison garder comme dirait un ancien premier ministre.


-Evandre : Oui, Macron en despote : faut pas pousser, quand même, Admète…

Ce serait, en somme, le bon moment pour prendre le large, quitter un pays devenu si décevant, s’octroyer de longues vacances à l'étranger et revenir dans un an, quand ce foutoir aura été surmonté, d’une façon ou d’une autre .

Les évènements de ce samedi ne sont pas rassurants : aucun gouvernement ne peut rester durablement en place s'il est impuissant face au retour d'un rituel hebdomadaire de casse et de désordres, qui mine son autorité .

Il va falloir briser, et très vite, cette mauvaise habitude qui s'installe .

D'autre part, le risque de guerre civile deviendrait réel si les désordres se poursuivaient mois après mois ...

Le Figaro évoque des rumeurs de préparation d'un référendum à plusieurs questions : lesquelles d'ailleurs ?

Mais cela règlerait quoi, dans le climat actuel ?

J'ai parfois l'impression qu'il ne reste, au fond, que deux solutions :

1° la dissolution de l'Assemblée et le retour devant les électeurs : choix héroïque, en apparence, mais pas nécessairement suicidaire, vu la faiblesse et la désunion des oppositions

2° la manière forte : l'armée.


- Admète : C’est marrant que vous réagissiez sur le terme de despote. Si j’avais voulu être méchant, j’aurais plutôt utilisé celui de tyran. Despote cela me fait penser aux despotes éclairés du XVIIIe s., Joseph II, Frédéric II... Un chef d’Etat élu pour 5 ans s’appuyant sur une majorité parlementaire docile, également élue pour 5 ans, doit composer avec l’Union européenne et les juridictions nationales et européennes, mais pas avec ses propres électeurs non plus qu’avec l’opposition parlementaire. Sarkozy et Hollande ont été dans la même situation.


- Nicias : Comme tu y vas, Admète ! Et pourquoi pas dictateur tant qu'on y est? Le tyran dans les cités de la Grèce antique prenait le pouvoir par la force contre l'oligarchie et avec l'appui du peuple. Si j'ai bien compris ce que disent ses adversaires, Macron ne répond pas à toutes les conditions pour remplir ce job.


- Admète : Il n’empêche que s’il ne prend pas lui-même l”initiative de démissionner de sa fonction ou de dissoudre l’Assemblée, il peut rester au pouvoir pendant encore 4 ans, tout en ne disposant de l’appui de personne ou de pas grand-monde. Même si, comme Chirac, il ne fait finalement rien de ce pouvoir qu’on lui laisse, c’est tout de même une drôle de situation et à laquelle il faut trouver des remèdes institutionnels.

Lors d’un débat que j’ai écouté sur CNews, le plus inculte de tous les Gilets jaunes a émis l’idée d’élections à mi-mandat. Pourquoi pas ? Un député PS a émis celle du septennat non reconductible. Pourquoi pas également.

Dans l’immédiat, je pense comme Evandre qu’il faut passer d’abord par une dissolution car un grand “débat” ne mènera à rien, surtout si c’est Chantal Jouanno qui doit l’organiser. Mais il faudrait ne pas tarder car c’est vrai que tout risque de partir en vrille… Cela dit, j’ai relu un peu de Taine. Ce que nous vivons, c’est vraiment de la gnognotte en comparaison de l’été 1789 !


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