Le 39 de la rue Réaumur (75003)
Germain Salard (1836-1913) signe cet immeuble à la fois comme architecte et sculpteur mais les sculptures seraient de Pierre Roche. Il est vrai que ce sont les ornements sculptés qui retiennent l‘attention du passant et, notamment, les cariatides du 4éme étage. Leurs mains refermées avec désinvolture sur un pilastre tronqué, elles n’exercent aucun effort, ne soutiennent aucun poids, surtout pas celui du balcon et des colonnes qui les surplombent. Elles ne font que suivent du regard une personne qui s’éloigne sur la droite, lui lançant des oeillades et sourires amusés ou complices.
Un des modèle serait la danseuse Loie Fuller (1862-1928).
“Regardée par les symbolistes comme une incarnation de l'utopie. Rodin et Hector Guimard furent de ses amis.Sans être une vraie beauté, la petite demoiselle Fuller avait une jolie frimousse. Il suffit pour s'en rendre compte de lever les yeux vers les bustes qui soutiennent le balcon au quatrième étage de cet immeuble, construit par l'architecte Salard en 1900. Malgré de notables variantes, ces œuvres de Pierre Roche représentent toutes deux l'artiste, morte à Paris le 1er janvier 1928 et bien vite tombée dans l'oubli. Dans l'entrée de l'immeuble, la belle frise de céramique aux rinceaux végétaux complexes semble évoquer les figures les plus folles de Loie Fuller, comme un ultime hommage de l'Art Nouveau à sa muse”.
http://paristoric.com/index.php/paris-d-hier/cariatides-et-atlantes/451-les-cariatides-du-39-rue-reaumur
Loie Fuller a inspiré un film en 2016 intitulé La Danseuse (mise en sc. Stéphanie di Giusto). Y est médiocrement retracée la rivalité de Loie Fuller et d’Isadora Duncan : A l’issue de cette confrontation, la pauvre et gentille Fuller sort vaincue, ignominieusement fracassée. Elle doit céder sa place à la méchante Isadora Duncan, que le film présente bien évidemment comme une jeune et cynique arriviste qui doit tout à son aînée.
Le cinéma peine décidément à donner de l’émulation artistique une représentation qui ne soit pas triviale ou malveillante à l’égard du prétendu vainqueur (toute possibilité d'estime réciproque est de toute façon délibérément exclue). Tous les Matins du Monde accablait de même le rapace Marin Marais au profit du pur Sainte-Colombe, comme si la grandeur de l’un ne pouvait rayonner qu’au détriment de l’autre, don la célébrité s'entache de bassesse et de déloyauté.
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