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Petite caractérologie des hommes politiques : Le Diplomate


Je propose de distinguer trois grandes catégories de tempéraments politiques qui ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre et peuvent se combiner diversement dans le même individu : on peut faire de la politique à la manière d’un diplomate, d’un gestionnaire et d’un visionnaire. Ce sont là les différentes manières de servir intérêts et idéaux qui déterminent les récompenses que chacun attend de l’action politique et les peines qui en sont la contrepartie.


Les “diplomates“ aiment le contact avec leurs pareils comme ils aiment se faire aimer des électeurs (de manière générale, ils “aiment les gens”). Ils sont à l’aise dans la vie et la camaraderie parlementaires comme dans le jeu électoral, dans les dîners en ville comme dans les rapports avec la presse. Ils savent apprécier les petits plaisirs de popularité que l’on y rencontre de même que la facilité d’accès que fournit ce type d’existence pour des jouissances plus matérielles (repas, coucheries, confort de vie, etc.). Edouard Herriot, Edgar Faure ou François Hollande auront été des “diplomates” types, de même que, dans un registre plus snob ou, en tout cas, moins vulgaire, Charles-Maurice de Talleyrand et François Mitterrand.

Mais précisons qu’un expert dans l’art de la diplomatie peut tout-à-fait manifester d’autres qualités (comme Herriot, Ed. Faure ou Talleyrand qui furent des “gestionnaires” avisés lorsque l’occasion s’en présenta). Et un homme politique peut mettre en oeuvre de grandes qualités de diplomate sans y prendre pour autant le moindre plaisir et sans que cela corresponde à son tempérament ni à sa psychologie (Robespierre, notamment, qui, sans aucune rondeur ni cordialité, sut être un de nos grands leaders parlementaires).


Illustration 2 : Un “diplomate”, n’ayant de goût que pour cela, mais qui n’était pas pour autant dépourvu de talents “gestionnaires” : Tanneguy Duchâtel, qui fut plusieurs fois ministre sous la Monarchie de Juillet :


“Duchatel a plus d’esprit que /Passy/ et plus de savoir-faire. Il parle plus habilement quoiqu’il n’ait pas précisément de talent. Il est un excellent homme d’affaires et il aurait pu rendre sous ce rapport de grands services et arriver à une grande réputation, si sa paresse et son goût ne l’avaient entraîné de préférence vers la diplomatie parlementaire. il y était très propre, s’y étant adonné dès son entrée dans la carrière, et ayant mis du soin et presque de l’amour-propre à se défaire peu à peu des qualités et des besoins d’un esprit distingué ou du moins à les dissimuler pour se mettre au niveau des intelligences vulgaires et des idées bourgeoises de son entourage habituel” (C. de Rémusat, Mémoires de ma vie, t. 3, p. 271; Plon, 1960).

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