top of page

26 mai 1871 : Incendie à Notre-Dame de Paris


Le vendredi, 26 mai, les incendiaires essayèrent de brûler la vieille basilique. Ils entassèrent à l'entrée du chœur, les chaises et les bancs en bois, et ils mirent le feu à cette sorte de bûcher. Cela fait, les misérables se sauvèrent, car les troupes de Versailles n'étaient plus qu'à quelques pas. Aussitôt, les internes de l'Hôtel-Dieu et les voisins accoururent pour préserver l'édifice. Mais il y avait à l'intérieur une fumée si épaisse, que les premières personnes qui essayèrent d'y pénétrer manquèrent d'être asphyxiées. C'est alors que, pour donner une issue à la fumée, on éventra une des trois grandes portes donnant sur le parvis. On pouvait craindre que l'air n’eût pour effet d'aviver ce commencement d'incendie ; fort heureusement, il n'en fut rien, et grâce à la promptitude et à l'intelligence des secours apportés, l'église Notre-Dame n’eut pas le sort de l'Hôtel de Ville.

Néanmoins, les dégâts ont été considérables. Les balustrades et les abases en bois sculpté qui se trouvaient à l'entrée du chœur furent entièrement carbonisées ; on les a remplacées par une balustrade en pierre (...) ; le maître-autel fut entièrement détruit, et aucune de ses parties n'a pu être utilisée ; on en a refait un à neuf, dont la tablette est en marbre rose ; le trône des archevêques et celui de Louis XIV, qui font partie des admirables boiseries du chœur, ont été noircis par le feu, mais à la surface seulement, de sorte qu'il sera possible de les restaurer (...) ; la statue de la Vierge, de Raggi le lombard, provenant de l'église des Carmes de la rue de Vaugirard, a été mutilée ; une lampe en argent de très grandes dimensions et d'un travail exquis a été tordue et presque coupée en deux ; elle avait été donnée à l'église par Louis XVIII à l'occasion de la naissance du comte de Chambord, et on la conservait comme une relique (...).

Mais ce qu'il est impossible de remplacer, c'est la mosaïque du sanctuaire, faite sur la commande expresse de Louis XIII, spécimen très curieux de l'art français au XVIIe siècle. Elle a été à ce point calcinée par le feu, qu'on a été obligé de l'enlever, du moins en partie ; le peu qui reste a pris des teintes noirâtres qu'il a été impossible de faire disparaître.

La grande porte a été remise dans l'état où elle se trouvait auparavant. C'est une porte éminemment historique, qui ne s'ouvre que dans des circonstances solennelles. Elle a vu passer Philippe IV, dit le Bel, qui entra dans l'église à cheval pour remercier Dieu de la victoire qu'il venait de remporter sur les Flamands. Elle a vu passer Louis XII, Louis XIII et Louis XIV, qui n'entraient à la métropole que par cette porte. Elle s'ouvrit encore pour le sacre de Napoléon 1er par le pape Pie VII, et, en dernier lieu, pour le mariage de Napoléon III.

Les dégâts subis par Notre-Dame pendant la période communarde, ont été évalués à plus de trois-cents mille francs (P. Fontoulieu : Les églises de Paris sous la Commune ; Calmann-Lévy, 1873, pp. 23-25).

Rechercher par Tags
Pas encore de mots-clés.
Archives
bottom of page