Joachim Richard, l'auteur du bel immeuble Art nouveau du 14, rue Perrichont (XVIe arr.), en a construit plusieurs autres, dans le XVe. Leur apparence est généralement plus discrète, destinés qu'ils étaient à une clientèle modeste. Celui qui est présenté ici n'en a pas moins de grandes qualités. On remarque sa façade discrètement ondulée, coiffée d’un balcon filant rectiligne. Les ornements de céramique et de terre-cuite se nuancent dans plusieurs gammes de vert. La céramique y est moins généreusement présente que dans l’immeuble de l’avenue Perrichont, mais la part propre de l’architecte y est du coup plus visible, notamment dans un jeu subtil de courbes et de droites que l’on trouve également, un peu moins marqué, dans un immeuble voisin, situé 110, rue Saint-Charles.
Voici ce qu'indique à son propos l'annexe architecturale du PLU de Paris :
“Remarquable immeuble de rapport Art Nouveau élevé par l'architecte Joachim Richard en 1911. La façade en pierres de taille appareillées présente un mouvement ondoyant articulé par les travées. Le décor est également remarquable : guirlandes à motif de vigne encadrant une porte d'entrée surmontée d'un mascaron féminin. Le thème de la vigne est repris sous le bandeau du premier étage. Beau motif de tournesol en grès flammés de Gentil et Bourdet dans des tons vert-de-gris ornant les allèges de chaque fenêtre et la frise sous le balcon filant du sixième étage. Garde-corps Art Nouveau. Les sixième et septième étages (en retiré pour le dernier) ont un revêtement en briques beiges et vernissées savamment agencées. Il s'agit d'un exemple rare et peu connu d'Art Nouveau où la finesse du décor répond au mouvement de la façade dans une conception d'ensemble du rôle de l'architecte-artiste selon la théorie en vogue vers 1900” (PLU, Annexes patrimoniales).
La porte d'entrée est surmontée d'un visage féminin bien caractérisé mais qu'il est difficile d'identifier. Il est entouré, ainsi que le linteau de la porte, de ceps de vigne et de grappes de raisin, mais cela ne devrait pas signifier que nous avons affaire à une ivrognesse !
Comments