Etre capable de tout et n'avoir à s'appliquer à rien, c'est la plus belle condition pour le jeu complet des facultés aimables : “Il y a toujours eu de certains fainéants sans métier, mais qui n'étaient pas sans mérite, et qui ne songeaient qu'à bien vivre et qu'à se produire de bon air” [Lettres du Chevalier de Méré]. Et ce mot de fainéants n'a rien de défavorable dans l'acception, car “ce sont d'ordinaire, comme il les définit bien délicatement, des esprits doux et des coeurs tendres, des gens fiers et civils, hardis et modestes, qui ne sont ni avares ni ambitieux, qui ne s’empressent pas pour gouverner et pour tenir la première place auprès des rois : ils n'ont guère pour but que d'apporter la joie partout, et leur plus grand soin ne tend qu’à mériter de l'estime et qu'à se faire aimer” [Id]. Voilà les fainéants du chevalier. Être ce qu'on appelle affairé, c'est là proprement la mort de l'honnête homme. M. Colbert, par exemple, était affairé et, et de nos jours, hélas ! chacun ne ressemble t-il pas plus ou moins en cela à M. Colbert (C.A. de Sainte-Beuve, Portraits littéraires ; Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1951, p. 601).
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