

"L'art représente la plus grande défaîte des hommes" 5
Cette chronique traite de la passion de l'art (ramené essentiellement à la peinture et la musique) comme substitut moderne de la religion. Pendant longtemps, cette dichotomie n'avait pas de sens car le beau a été perçu dans toute la tradition métaphysique occidentale comme une catégorie universelle équivalente à celle du vrai et du bien ou du juste (de Platon à Thomas d'Aquin et Kant). Par ailleurs, sur un plan plus historique et matériel, la production et l'expression artist


Du temps où les mendiants déclamaient du Renan...
Vendredi 13 décembre 1907. - Ce matin, rue Rousselet, un mendiant récitait la dédicace de la Vie de Jésus : “ Te souviens-tu, du sein de Dieu où tu reposes…” Je lui ai demandé, en lui donnant un sou, où il avait pris cette idée de réciter du Renan dans les rues. Il m'a expliqué qu’ayant lu cela, il l'avait trouvé harmonieux comme des vers. “ Toute la prose de Renan peut se lire comme des vers”, me disait-il. Ils déclamait du reste cette dédicace de la Vie de Jésus comme un mo


Simon Liberati en antiquaire
Je savais, par des recensions de presse, que Simon Liberati a consacré un livre à son épouse Eva Ionesco. Il y a retracé l’exploitation à laquelle s'est livrée sur elle, au cours de son enfance et de son adolescence, sa mère, la photographe Irina Ionesco. Ceux qui suivent bien l’actualité littéraire et les chroniques de Frédéric Beigbeder savent également que Liberati a rédigé une libre biographie de Jayne Mansfield. Ce que j’ignorais, c’est qu’il est également l’auteur d’un


"L'art représente la plus grande défaite des hommes" 2
La religion de l’art existe. On peut l'analyser à travers les mêmes catégories que celles énumérées dans le post précédent. Elle comporte ses athées et ses indifférents, (François Hollande par exemple), ses saints et ses prophètes (Proust, Flaubert), ses pratiquants réguliers (bibliophiles et discomanes, abonnés des salles de concert, peintres du dimanche, etc.), ses croyants-non pratiquants (le public moutonnier des expositions du Petit ou du Grand Palais : cette “foule ahur


"De nos jours, chacun ne ressemble-t-il pas plus ou moins à Colbert ?"
Etre capable de tout et n'avoir à s'appliquer à rien, c'est la plus belle condition pour le jeu complet des facultés aimables : “Il y a toujours eu de certains fainéants sans métier, mais qui n'étaient pas sans mérite, et qui ne songeaient qu'à bien vivre et qu'à se produire de bon air” [Lettres du Chevalier de Méré]. Et ce mot de fainéants n'a rien de défavorable dans l'acception, car “ce sont d'ordinaire, comme il les définit bien délicatement, des esprits doux et des coeur


Ch.-Marc Des Granges, morceaux choisis
Ce qui caractérise les écrivains et les critiques dont les noms nous sont restés familiers, c’est qu’ils sont d’exceptionnels et de rares survivants. Ils apparaissent dressés au milieu d’un désert, comme ces artistes de génie que Baudelaire a comparé, pour mieux illustrer leur isolement, à des phares et à des citadelles. Leurs contemporains ont été éliminés, ont disparu comme s’ils n’avaient jamais existé, avaient été indignes de naître. Si l’on en reste aux critiques, Montég


Nous pouvons enfin parler de "Game of Thrones" 3
Le personnage de Milady, dans Les Trois Mousquetaires, est un exemple de ces méchants ou méchantes qui n’apparaissent tels que par des artifices plus ou moins grossiers de récit ou de mise en scène. Ils pourraient tout aussi bien rentrer dans le camp du Bien si l’auteur en décidait autrement. La question de savoir en quoi repose sa criminalité ne se déduit en tout cas pas de la seule restitution de l’intrigue. Milady, par exemple, ne commet aucun crime en se mettant au servic


Nous pouvons enfin parler de "Game of Thrones" 2
Ce qui caractérise la plupart des récits d’action et d’aventure, c’est bien-sûr qu’ils sont manichéens mais aussi que ce manichéisme est réversible à volonté, tant il est artificiellement plaqué sur une intrigue qui ne le rend pas nécessaire. Les divers personnages sont organisés et répartis par les auteurs et scénaristes en deux camps symétriques et hostiles de bons et de méchants d’une manière plus ou moins arbitraire, mais toujours conforme aux préjugés du public à un mome


"L'art représente la plus grande défaite des hommes" 4
Depuis que j’ai rédigé les épisodes précédents de cette série, consacrée à la religion de l'art, j’ai découvert un article du philosophe et psychologue Théodule Ribot (1839-1916), intitulé “La Passion esthétique”. La lecture de cet article, publié dans la Revue bleue du 6 octobre 1906 (le vrai nom de ce périodique - celui sous lequel il est indexé sur le site Gallica - est la “Revue politique et littéraire”). m’a conduit à compléter les parties 2 et 3 de la série en question


Nous pouvons enfin parler de "Game of Thrones" 1
Le dernier épisode de la dernière saison de Game of Thrones s’est achevé il y a déjà un mois. Il est désormais permis de gloser sur l’ensemble de la série sans craindre de la “spoiler” en quoique ce soit. Ceux qui ignorent ses derniers retournements ne s’étant de toute façon jamais intéressés à elle. Cette saison 7 est à mon avis une réussite alors même que des millions de spectateurs déçus ont pétitionné auprès du producteur pour qu’il la refasse. Certains, pour dissimuler l