

"Je demeurai longtemps errant dans Césarée..."
"Je demeurai longtemps errant dans Césarée…" Ça devait être une ville aux voies larges, très vide et silencieuse. Une ville frappée d'un malheur. Quelque chose comme une défaite. Désertée. Une ville pour les hommes de trente ans qui n'ont plus de cœur à rien, une ville de pierre à parcourir la nuit sans croire à l'aube. Aurélien voyait des chiens s’enfuir derrière des colonnes, surpris à dépecer une charogne. Des épées abandonnées, des armures. Les restes d’un combat sans hon


Au 6 de la rue Bonaparte, l'officine Buly
"En 1837, Honoré de Balzac s’inspira du parfumeur Jean-Vincent Buly et de son officine pour son roman César Birotteau” (plaque commémorative). * En passant récemment par la rue Bonaparte, j'ai découvert, au 6 de cette rue, Buly 1803, une maison de produits de beauté, à la fois ancienne et nouvelle. Il y a beau temps que la Rive Gauche, longtemps vouée aux lettres et aux arts, est envahie par des commerces de luxe, des boutiques de mode et des agences immobilières haut de gam


Edmond Haraucourt (1856-1941) - Morceaux choisis
Plus personne ne connait maintenant le poète parnassien Edmond Haraucourt, mais cela n’a pas d’importance, cela était déjà le cas de son vivant car il eut l’infortune de vivre assez longtemps pour connaître son propre purgatoire. Il a été comme beaucoup de ses confrères, un poète-fonctionnaire. En tant que tel, il termina sa carrière comme conservateur du Musée de Cluny. Une anecdote circule, et dont je regrette d’avoir oublié la source mais qui est amusante, selon laquelle,


"L'être le plus immonde..." 3
J’ai avancé comme hypothèse explicative au dégoût exprimé par Proust devant Amours de Léautaud les différences qu’il a pu saisir immédiatement entre, d’une part, l’intensité passionnelle du rapport que lui-même entretenait avec le monde, le mal, le malheur, la finitude et, d’autre part, le haussement d’épaules, le désintérêt que ces mêmes drames de la condition humaine suscitent chez Léautaud (post du 10 mai 2019). Cette réaction n'en demeure pas moins étonnante. Paul Léautau


"Au point de vue de la morale et des moeurs..." 2
La consultation du Recueil Dalloz 1907 (le chroniqueur du Mercure de France avait, pour sa part, consulté le Recueil Sirey 1906, car nous avions alors affaire à deux publications concurrentes) permet d’en savoir davantage sur les cas d’espèce évoqués dans la chronique précédente. La première affaire citée, notamment, celle jugée par la cour de Lyon (CA Lyon, 16 mai 1906 ; D.1907, 2, 21), ne laisse pas que d’être curieuse. Il s’agissait de ce fils de famille qui avait subi une


"Au point de vue de la morale et des moeurs..." 1
Les magistrats de la IIIe République appartenaient à un milieu plus homogène que de nos jours, ils étaient majoritairement issus de l’honnête bourgeoise conservatrice. Ce même vernis social et culturel ne les préservait pas des divergences de jurisprudence. Notamment lorsqu’ils devaient se prononcer sur des questions qui, ne relevant pas de la pure technique juridique, ne pouvaient pas pour autant être aisément résolues en y introduisant des considérations morales. Ainsi en e


"Cette paix dominicale ..." (G. Duhamel)
"Il est impossible à nos enfants de se représenter ce qu'était, à la fin du XIXe siècle, la vie des petits commerçants dans une ville comme Paris. La plupart d'entre eux travaillaient le dimanche comme la semaine et considéraient avec envie les bouchers et les charcutiers qui, du moins, fermaient leur étal une fois par an, le Vendredi saint. Le mot de vacances, qui sonnait si bien à nos oreilles d'écoliers, n’avait à peu près aucune signification pour la majeure partie des em


"Tout me sera donné..." (Ramuz)
“J'étreindrai la langue et, la terrassant, lui ferai rendre gorge jusqu'à son dernier secret, et jusqu'à ses richesses profondes, afin qu'elle me découvre son intérieur et qu'elle m'obéisse et me suive rampante et craintive, parce que je l’aurai connue et intimement fouillée. Alors m'obéissant, tout me sera donné, le ciel, la mer et les espaces de la terre... et tout le cœur de l'homme” (C.F. Ramuz, Journal, cité in M. Nadeau : Soixante ans de journalisme littéraire ; Maurice


Un prophète : Jules Duval (1813-1870)
“Bientôt, où règne et la solitude, une population humaine s'épanouit ; où fleurissait la ronce, la récolte mûrit ; où les bêtes féroces creusaient leur tanière, s'élèvent les demeures d'un peuple civilisé. Dans les flancs d'un sol inerte, l’émigration a jeté les germes d'une société vivante qui, au soleil de la liberté ou de la discipline, suivant les temps, en travaillant grandit, qui en grandissant prospère, qui a son tour multiplie et envoie ses essaims : voilà la colonis


"Cette chance suprême qui s'appelle l'Algérie" 4
Beaucoup plus encore que pour Benjamin Constant, le cas d’Anatole Prévost-Paradol amène à se poser cette question : à quoi cela sert-il d’être intelligent lorsqu’on se mêle de politique ? Les étourderies ou les erreurs de jugement de Constant n’ont fait d’autre victime que lui-même. Il n’en a pas été de même pour Prévost-Paradol dont les idées sur l‘expansion coloniale de la France en Afrique ont été rapidement partagées par une grande partie de l’opinion et ont été suivies d